"Desperado était encore jeune quand on l'a acheté. Il ne savait pas encore bien courir, mais il volait déjà et avait de bons réflexes. Il n'aimait pas les autres chevaux. Ce n'est pas bon d'avoir un cheval trop sociable : il reste dans le groupe. Il faut un cheval qui galope devant tous les autres. Desperado était un tueur"
AMERICAN DESPERADO
Dissection à vif du mal à l'état brut, de la brute à l'état de mâle.
Exits les Tony Montana, Don Vito Corleone, Donnie Brasco, Paul Vitti etc. Oubliez ce que vous avez lu, vu, entendu sur la Mafia ! American Desperado la biographie, à ne pas piquer les hannetons de Quentin Tarantino et Martin Scorsese, de Jon Roberts, le plus célèbre des Cocaïnes-Cow-boys, né Riccobono, au sein d’une famille de mafieux siciliens, dynamite les œuvres antérieures sur le sujet par sa radicalité enragée, son regard impitoyable et son style narratif abrasif. Chef-d'œuvre éditorial ultime de 13e note éditions, les 700 pages, rédigées par le journaliste gonzo et romancier Evan Wright, riches en anecdotes in situ_ petit manuel allumé et souvent drôle du criminel en devenir_ défilent à la vitesse d’une salve de mitraillettes. Uppercut dans le cerveau.
Storytelling bigger than life.
American Desperado, roman noir pur jus de cadavres, récit qui snife de la tragédie sauvage sous
psychotropes à la paille, recrache de
l'humour décalé à la pelleteuse, s'appuie sur une tranche de vie extrême, démesurée et excessive, épopée séditieuse du crime et de l’argent sale. Le monde s’étale aux pieds de Jon Roberts qui ne le conquiert pas avec le dos de la cuillère mais avec le plat du couteau. Il le piétine sans remords, du côté du mal depuis ses neufs ans lorsqu'il a vu son père tuer un homme sous ses yeux. A New-York, terreur en culotte-courte, braqueur et racketteur adolescent, puis trafiquant de coke et gérant de boîte de nuit ; à Miami, correspondant numéro un du cartel Medellin à la solde de Pablo Escobar, blanchisseur d’argent sale, espion secret pour la CIA… La vie supra-ordinaire du Cocaïne cow-boy incarne la substantifique moelle de la criminalité avec une jubilation assumée.
Nonobstant, pas d’identification, de justification, d’expiation possibles, John Roberts reste un salaud froid et exsangue capable de dépecer un homme dans l’enfer rouge du Vietnam mais pas que. Il use d’une bonne dose d’humour, d’un charme certain, aime l’art, le raffinement, la jouissance, son fils et surtout se montre parfois pas moins stupide, excessif ou violent qu’une Amérique border-line, blindée de politiques véreux, d’artistes camés et de sportifs toquards. Du Général Noriega, à Richard Dreyfuss, Jimmy Hendrix, ou encore O.J Sympson, à la faveur d’un série de portraits hauts en couleur, une faune connue défile ainsi sous nos yeux, baise dans des boîtes jet set, s’envoie des pipelines de coke dans les narines, pactise avec le diable au plus haut sommet de l’état et utilise la crème des malfrats pour conserver ses mains propres. Rien de nouveau au pays de l’oncle Sam sauf qu’à travers le prisme du maestro du crime Jon Robert, cette page de l’Histoire des années 70/80 prend davantage de relief et envoie du steak cramoisi à la tête de la bien-pensance et de l’Establishment. American psycho, American parano, American desperado…Ultra sanglante solitude. Une tuerie !
"Faire souffrir, faire peur, ça donne la maîtrise des situations et le pouvoir sur les gens. Si on a un problème, il faut le résoudre par le moyen le plus impitoyable, avec le maximum de fermeté. Voilà comment on emporte le morceau. La voie du mal est celle de la force parce que le mal est plus fort."
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