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mercredi 13 mars 2013

James Fogle/ Dash Snow


"-Est-ce que c'est le chapeau qui t'a tiré dessus hein Bob ?
- Non, c'est l'enfant de la télé.
- L'enfant de la télé a tiré, mais c'est le chapeau qui l'envoyait, c'est ça ? 
Il hocha la tête. Sa bouche se remplit de sang. Il ne pouvait plus parler, il s'efforça de tousser. Les lumières brillaient fort à présent, jamais il n'en avait vue de si éblouissantes... 




DRUGSTORE COWBOY






A Portland, et à proximité des drugstores sur la côte nord des Etats-Unis, Bob et Diane conduisent leur petite bande sur les chemins du braquage organisé. Ils vident les étagères, les coffres et les tiroirs des officines de drogues susceptibles de couler dans leurs veines. Bêtes noires des pharmaciens, traqués par la police, ces cow-boys du shoot à répétition se foutent pas mal de la justice, de l’ordre, de la morale. Les injections, et les plans astucieux afin de se procurer de la dope, rythment leurs journées. 
Exits les Junkies en manque qui frappent à leur porte pour un sachet de poudre ; Bob et Diane se piquent mais ne vendent pas. Dans leur sillage : Nick, ex-taulard, fidèle compagnon et Nadine, camée occasionnelle, naïve et imprévisible. Rien n’effraie Bob et ses amis, exceptés les jours de poisse, ces jours où les chiens et les chapeaux signent la fin des attaques dans les drugstores. Les couvre-chefs deviennent alors couvre feu. Et en cas de non respect des règles, pas de sortie de secours. Rémission impossible chez les junkies. Place alors aux enfants de la télé qui accomplissent leur dessein funèbre dans le cerveau explosé de Bob.




Encore un excellent roman, sorti du catalogue à chefs-d’œuvre noir de 13e note édition. James Fogle, auteur et braqueur jamais patenté (50 années passées en prison et un dernier cambriolage à 71 ans !) écrira dix romans entre les quatre murs d’un établissement pénitentiaire où il achèvera sa vie mouvementée en 2012. Drugstore Cowboy raconte son histoire à la faveur de personnages déglingués et attachants, d'une construction rythmée, d'un solide sens de l’humour et d'un regard sans concession sur la drogue, la justice, la police, l’amitié, l’amour. 
«Lorsque je décris les policiers et les consommateurs de stupéfiants, il n’y a pas d’un côté les méchants et de l’autre les gentils. Il n’y a que des individus. Bien sûr j’éprouve une certaine empathie pour l’usager. Mais tout est décrit du point de vue des personnages ». Un point de vue de James Frogle que l’on aimerait retrouver si l’envie prenait à 13e note de publier un second roman inédit de l'auteur.



"Il avait connu une flopée de toxicos, en général jeunes, qui semblaient tenir à ce que le monde entier sache qu’ils se défonçaient. Ils incarnaient leur rôle à la perfection. Et après ils se demandaient pourquoi ils avaient toujours les flics sur le dos. (…) C’était comme si un cambrioleur se baladait en col roulé, baskets noires et gants noirs, avec une pince-monseigneur sur l’épaule. C’était super à la télé mais dans la vraie vie ; ça ne marchait pas."


"Mais Diane aimait Diane un peu trop pour renoncer à ce qui était pour elle le paradis sur terre : cambrioler les pharmacies. Le grand frisson au quotidien avec son homme, l’insouciance, la drogue : c’était tout ce qu’elle attendait de l’existence ça et rien d’autre (...)

Jamais elle ne renoncerait à cette vie, et pourquoi le devrait-elle d'ailleurs ? Pour n'être plus qu'une ménagère frustrée, comme il en existait des millions, condamnée à la routine, à l'ennui et aux corvées alors qu'elle était une reine, une experte en son domaine ? "  









"Bob se demandait souvent comment réagiraient les pontes qui décidaient de la législation s’ils se réveillaient un beau matin dans la peau d’un noir, avec une instruction et une formation quasi inexistante, et le fâcheux pressentiment que leur situation n’était pas prête de s’arranger. Ou s’ils se retrouvaient à la place d’un drogué mexicain à la maison centrale du Texas, condamné à cent ans de réclusion pour possession de stupéfiants-à cause de dix dollars de came,  tout cela parce que les texans pensaient que la drogue était un truc de mexicains et qu’ils n’aiment pas les mexicains. Bob se demandait comment tous ces cadors pouvaient ingurgiter des litres d’alcool et gober plusieurs cachets d’aspirine avant d’aller se coucher, puis déclarer en toute sincérité que les gens incapables de vivre sans une béquille comme les toxicos, devaient être enfermés à perpétuité."
"Beaucoup de gens ne se rendaient pas compte de la chance qu’ils avaient de vivre dans un relatif confort psychologique. Bien sûr il leur arrivaient d’attraper la grippe, d’avoir des coups de cafard quand tout allait de travers. Mais le malaise du pékin moyen n’avait rien à voir avec les problèmes que devait surmonter un toxicomane au quotidien."







Drugstore Cowboy adapté au cinéma par Gus Van Sant. Intégralité des scènes avec William S.Burroughs



Polaroïds de Dash Snow et là  





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